Damien Saez : un concert à cœur ouvert au Bataclan (live report)

Publié le 19 décembre 2025 à 08:30

En cette soirée du 17 décembre, Damien Saez se produisait en solo sur la scène du Bataclan. Le Poète écorché, son public entièrement dévoué, et cette salle tristement symbolique (affichant complet pour loccasion)... en soi, rien de foncièrement neuf. Pourtant, une fois encore, le concert fut constellé de cette émotion singulière. Celle de la magie des rencontres.

« Bon, vous avez prévu le prozac ? »

Si le Bonhomme reste insaezissable, il n’échappe pas pour autant à une certaine routine, notamment dans la mise en place de ses concerts. Damien Saez entre sur scène, mains dans les poches, sans prononcer un mot, savourant les acclamations qu’il suscite chez son public. Il commence à jouer, puis après deux chansons, finit par demander à son auditoire comment il va. Le voile de la pudeur est levé, la suite mêlera échanges complices, touches d’autodérision et autres taquineries sans détour.

Musicalement, Damien Saez est en forme. Très en voix dès le début, initié par un « Que tout est noir » magistralement exécuté. De quoi donner instantanément des frissons, de ceux qui ne vous lâchent plus jusqu’à la fin de la soirée. Parce que même si la setlist fait majoritairement place aux classiques, il y a la force des mots, l’intensité de l’interprétation. Une poésie en perpétuelle évolution, jamais déclamée à l’identique car intimement liée à lhumeur, l’état d’esprit du moment.

Ce soir, le refrain du sublime « Rois demain » est parlé.  La charge viscérale de l’intemporel « Bal des lycées » est amplifiée. Alors que la chape d’émotion déposée par « Les enfants paradis » remue les tripes. Il faut reconnaître que cet hommage poignant aux victimes du Bataclan ne résonnera jamais aussi fort qu’entre ses propres murs.

Crédit vidéo : Gnac17.

De la magie, il en est également question dans cette relation hors-norme unissant Damien Saez à ses fans. Une histoire d’amour qui dure depuis plus de 25 ans. Des incompréhensions certes, parfois de longs silences, mais le lien demeure inaltérable. Vibrant de manière exacerbée durant les concerts. 

Sur le titre « Barbie », tout le monde en prend (gentiment) pour son grade : le public ne connaît pas les paroles, les techniciens sont « à la ramasse ». Du pur jus saezien, totalement déformaté mais solidement ancré. A un point tel que le désormais usuel « Maintenant, vous fermez vos gueules ! » provoque des rires (même si la directive est respectée sur le champ).

« Elle a les yeux d’un roi, la reine des écorchées… »

Un peu plus tard, le Bataclan magnifie la communion sur « Germaine ». Tandis que Damien n’a probablement jamais insufflé un relief aussi troublant à cette somptueuse ode féministe (premier et second degré s’abstenir...).

Crédit vidéo : Gnac17.

Oui, on peut le dire : rien de neuf ce soir. En outre, un concert de cette teneur, sans filtre ni artifices, empoigne d’une intensité devenue quasiment surannée dans ce monde aseptisé. D’ailleurs vibrer d’une immuable magnitude malgré l’épreuve du temps, n’est-ce pas là une définition de l’amour ?

#Indélébile

Setlist Bataclan (17/12/2025) :

1. Que tout est noir
2. Châtillon-sur-Seine
3. On meurt de toi
4. Ceux qui sont en laisse
5. Marie
6. Rois demain
7. Chanteur démodé
8. Tango
Pause
9. Betty
10. Barbie
11. Jeunesse lève-toi
12. Putains vous m’aurez plus
13. Germaine
14. Des p’tits sous
15. Marguerite
16. J’accuse
17. Tricycle jaune
18. Pleure pas bébé
19. Les enfants paradis
Pause
20. L’humaniste
21. Le bal des lycées
22. Tu y crois

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